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Les Toiles Des ARAIGNÉES <<FOLLES>> vont-elles contrib des maladies
Sciences et Avenir Revue Mensuelle
On remarque le fil d’avertissement qui dans ce cas au moins est double et qui part du centre pour aller jusqu’à la cachette bien protégée de l’araignée. Celle de la Zilla-x- notata, ci-dcssous, sepi- blable à la toile de ri’im?
porte quelle autre , araignée, s’en distingué cependant par la présence cTun organe de prise et d’un organe sensitif. La toile se compose d’uri cadre, des rayons, de la spirale adhérente, du centre du fil d’avertissement et enfin de la cachette.
DHANS leurs recherches sur les maladies mentales, les psychiatres ont récem- ment trouvé un allié inattendu : une araignée grande d’à peine un Centimètre, ; , .la Zilla X Notata. Cette araignée s’est, en effet, révélée plus précieuse que tous les animaux employés jusque-là dans les laboratoires; ¿ l’étude de son comportement est même àppa- ‘ rue dans line certaine mesure comme plus \ précieuse que l’observation directe des malades mentaux.
L’araignée laisse, en effet, de ses « troubles mentáux » un témoignage aussi sensible que les enregistrements les plus précis et aussi facile à étudier qu’un graphique : sa toile.
On sait depuis longtemps que les toiles des araignées ne sont pas tissées au hasard.
est comme le haschich extrait du chanvre indien. -Comparons-ia à la toile normale. La toile normale présente une structure d’une parfaite régularité et un tissage soigné. L’absence de deux « tranches » dans – la- toile n’est pas anormale. Après avoir terminé leur -toile, les ,Zilla arrachent toujours d’un coup de patte ¡deux secteurs de leur toile ; ce mystérieux sacrifice constitue la signature particulière à leur : espèce.
On aperçoit aussitôt la différence qui sépare les deux toiles. La toile «marihuana» parait inachevée. Le nombre de rayons et de spirales a considérablement diminué par rapport à la toile normale. Sous l’influence du poison, l’araignée a «oublié» de terminer plusieurs secteurs. On retrouve l’ordonnance générale de la toile, mais il semble que l’araignée ait eu des « pannes » de mémoire. Or. ces trous de mémoire, on les retrouve légalement chez un homme intoxiqué au -marihuana ¿cette incapacité de travail par suite d’« absences » qui parait frapper l’araignée rappelle irrésistiblement la comparaison avec celle de l’intoxiqué humain.
La toile d’une araignée soumise à un narco
tique est totalement différente. Sous l’action d’un narcotique léger, l’araignée n’a pas réagi, comme on pouvait s’y attendre, en donnant des signes de fatigue. Le narcotique s’est révélé trop fort pour son organisme. Au lieu de sombrer dans le sommeil, elle dépasse ce stade et entre dans un véritable délire. L’animal se met à construire avec une activitéexces- sive et fiévreuse. La structure de la toile est profondément bouleversée. Le schéma normal a été réduit et la toile « narcotique » semble tronquée, elle n’est qu’une « tranche » de toile comportant toutessortes-d’irrégularités de détail. La substance, estiment certains expérimentateurs, a profondément modifié le champ visuel de l’araignée et l’on pourrait rapprocher ce phénomène des perturbations du sens de la vision qu’entraîne chez l’homme l’abus des narcotiques.
La toile d’une araignée « morphinomane » est tout aussi étrange. Sous l’influence de la morphine, l’instinct qui pousse l’araignée à construire sa toile paraît profondément perturbé. Elle en a bien jeté les fondements, mais elle paraît avoir perdu le sens de la direction et la toile a changé de forme générale. ¿D’autre
part, les fils normalement ordonnes de façon si régulière sont bouleversés et tordus.
Au tiers de sa toile, soudain saisie par l’insurmontable accès de paresse et de fatigue des morphinomanes, l’araignée a interrompu son travail. Sa « volonté » semble paralysée. En tout cas, elle cesse de remplir la fonction primordiale de son existence, et renonce à se nourrir.
Quant à la toile de l’araignée soumise à l’influence de la caféine, elle ne rappelle plus en rien la toile normale. La désorganisation est complète. L’image de cette toile disloquée
(ions, l’araignée du Dr Witt ne peut naturellement répondre, mais sa toile aberrante en confirmant la présence d’un substratum chimique dans la schizophrénie a permis d’apporter des hy- pc thèses de travail fructueuses que les physiologistes et les psychiatres – vont avoir à interpréter.
‘ Cciis interprétation soulève déjà de vives controverses chez les spécialistes.
Peut-on attendre davantage des toiles aberrantes des araignées ? Il semble en tout cas très dangereux de vouloir pousser plus avant le parallélisme entre les troubles que traduisent ces toiles anormales et ceux que l’on observe chez un humain soumis à l’influence du même stupéfiant. Dans les deux cas, on constate une désorganisation du comportement, mais vouloir extrapoler plus loin la comparaison n’a plus aucune valeur scientifique. Jamais, semble-t-il. les
psychiatres ne pourront interpréter les « toiles de fou » des araignées comme ils interprètent les dessins d’un fou ou d’un intoxiqué; les centres nerveux supérieurs de l’homme n’ont aucun correspondant chez l’araignée.
Par contre, l’ufilisation de l’araignée comme test biologique en pharmacologie peut être appelée à des application:» immédiates. L’utilisation des Zilla rendra sans nul doute -de grands services dans les laboratoires de toxicologie pour l’étude des stupéfiants, des narcotiques, etc. La îapidité et la sûreté avec laquelle le Dr Witt a pu démontrer la présence d’une substance chimique perturbatrice dans les sécrétions et donc dans l’organisme d’un schizophrène le prouvent d’une faço
Plusieurs laboratoires, dont celui de l’Institut Max Planck en Allemagne, ont repris les expériences du Dr Witt. Les Zilla X Notata présentent un giand nombre d’avantages qui les font préférer à toute autre espèce. Elles sont bon marché et très sûres. Infatigables, elles recommencent leux toile tous les jours, chaque fois que celle-ci est détruite.
Le plus commode est de leur fournir un’ cadre de bois de taille standard. Pour leur faire absorber le produit chimique choisi, il suffit de l’enrober dans une goutte d’eau sucrée dont les araignées sont très friandes, et de présenter la goutte au bout d’une ai- .quille. ‘
On peut également en remplir le corps d’une mouche qu’on offrira comme proiea l’araignée. Et pour faire sortir l’araignée du coin où elle se réfugie après avoir tissé sa toile, rien de plus facile : U suffit de la faire vibrer avec un diapason. L’araignée reste, en effet, toujours reliée à sa toile par un fil « téléphonique » qui
lui transmet les vibrations de son piège lorsqu’un insecte s’y est empêtré.
Sans remonter jusqu’à l’expression familière «avoir une araignée au plafond», les toiles d’araignée ont souvent servi de symboles à la représentation surréaliste de la folie. Mais les expériences du Dr Witt ne doivent pas faire illusion : nous ne connaîtrons jamais aux défauts de sa toile la mégalomanie ou la mélancolie de l’araignée ; ce serait faire preuve d’un anthropomorphisme plus que naïf t Par contre, on est en droit d’espérer que ces expériences étranges, en révélant des liaisons jusqu’alors à peine entrevues entre certains troubles mentaux et des dérèglements physiologiques, permettent de mettre au point des traitements propres à soulager les schizophrènes et à atténuer